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Ce billet n’a rien à voir avec la linguistique, ni avec la didactique (sauf si on s’y intéresse pour des raisons culturelles). Je découvre en ce début d’année universitaire que le restaurant universitaire de Perpignan est devenu un lieu sans alcool. Je ne suis ni ivrogne ni grand amateur de vin ; j’apprécie tout simplement la possibilité de boire un verre de vin en mangeant. Pourquoi a-t-on supprimé le vin dans les restaurants et cafétérias du CROUS à l’Université de Perpignan Via Domitia ?

Si c’est pour des raisons disons sanitaires (l’alcool c’est dangereux), il faudrait peut-être alors aller au bout de cette logique bienveillante : supprimer les terrasses où s’installent les fumeurs (fumer tue, rappelez-vous), mettre des chaises adaptées pour éviter d’avoir mal au dos (moins d’arrêts de travail), et surtout supprimer les frites et les saucisses (car c’est ce qu’il y avait au menu l’autre jour) qui sont des aliments à risque, sans parler des conservateurs et des additifs cancérigènes. Voilà, vivons dans un monde sans risque, à commencer par la boisson bien sûr.

Si c’est pour des raisons disons politiquement correctes, il faudrait également aller plus loin : ôter une partie du repas pour des raisons qui sont de l’ordre du « bien penser » (boire de l’alcool c’est mal vu) pourrait conduire à ne plus servir de viande (c’est pas bien de tuer les animaux), ni d’aliments avec gluten (c’est pas bien de discriminer les personnes allergiques au gluten), ni de légumes (c’est pas bien d’arracher les pauvres plantes), etc.

Si c’est pour des raisons disons éducatives, là encore je m’interroge. On pourrait estimer qu’il n’est pas sérieux de voir les professeurs boire devant leurs étudiants, et voilà pourquoi, histoire d’enlever toute tentation, on supprime cet élément néfaste qu’est le vin pour l’image du professeur-ivrogne. De plus, les étudiants ne pourront plus se saouler tous les jours avant d’aller en cours. Mais c’est là l’erreur peut-être : une des vocations de l’université est de former des personnes responsables, des étudiants capables de réfléchir par et pour eux-mêmes, d’avoir un esprit critique. Justement, un monde où la possibilité de faire des choix pour assumer ses responsabilités est sans doute plus intéressant qu’un monde aseptisé, sans choix. Rappelons au passage que les étudiants sont des majeurs.

Si c’est pour des raisons disons financières, je ne vois pas trop où est le problème (en dehors du coût de la Licence peut-être…). Certes, si le cubitainer peine à se vider, occasionnant de temps à autre une petite perte car le vin doit être jeté, c’est un problème. Mais de deux choses l’une : soit on encourage les hôtes à boire davantage, soit on remplace les cubis par des (petites) bouteilles (comme dans d’autres cafétérias) que l'on range aux côtés des autres bouteilles (sodas, eau gazeuse, etc.) dans le présentoir.

Si c’est pour des raisons disons légales, je ne pense pas que la loi Evin interdise le vin dans les universités mais je me trompe peut-être…

Si c’est pour des raisons disons religieuses, je me demande quelle est la doctrine qui s’abat sur le restaurant universitaire depuis la rentrée et qui nous ôte le vin (mais pas le pain) de nos tables.

Voilà, comme je disais au début de ce billet, je ne comprends pas. Je ne sais pas si cette nouveauté s’applique dans tous les restaurants universitaires de France mais j’avoue qu’il paraît étrange, dans une université située en région viticole, et qui vend dans sa toute nouvelle boutique du vin produit par les étudiants de l’IUT, que le vin ne soit plus présent à la cantine. En revanche, selon les informations disponibles sur le site du CROUS (rubrique actualités), le gaspacho serait offert comme « spécialité languedocienne » dans les restaurants universitaires, mais pas le vin…

Tag(s) : #Divers